Actualité: cours d’histoire au cégep

Le 7 mai dernier, le ministre de l’éducation, Pierre Duchesne, proposait l’ajout d’un nouveau cours obligatoire dans la formation générale collégiale. Il s’agirait d’un cours d’histoire, plus précisément d’histoire nationale.  Ce cours aurait comme but la réalisation d’analyses plus larges concernant des évènements historiques de la nation canadienne et québécoise. Par exemple, le cours pourrait aborder les rébellions des Patriotes, en les mettant en lien avec les rébellions en Amérique latine. Le ministre affirme aussi qu’il ne s’agit pas d’une tentative de propagande. Dans cette optique, il serait important de se questionner sur la possibilité de faire une histoire nationale de manière objective.

Présentement, la tendance est de croire qu’il est possible de donner un cours d’histoire de manière objective, en variant ses sources et en rapportant beaucoup de faits. Toutefois, certains philosophes de l’histoire s’opposent à ce principe.

Par exemple, Kyoré est un philosophe et historien des sciences de la première moitié du XXe siècle. Français d’origine russe, il naît en 1892 et meurt en 1964. Selon Kyoré, l’histoire ne peut pas être une science objective. Tout d’abord, l’histoire ne peut être vérifiée de manière expérimentale comme la physique ou la chimie. Ensuite, son objet étude est en perpétuel changement, puisqu’il est impossible de faire cesser le cours de l’histoire. Finalement, l’historien ne peut être complètement objectif puisqu’il doit toujours interpréter les évènements. Ainsi, selon Kyoré, l’histoire n’est pas une science complètement objective, et elle sera toujours légèrement influencée par le nationalisme.

Dans un même ordre d’idée, l’historien français Febvre (1878-1856) affirme que le travail de l’historien n’est pas objectif, puisqu’il sera toujours influencé par son hypothèse de travail. En effet, selon lui, c’est à partir d’une hypothèse que l’historien peut commencer ses recherches, puisque sans hypothèse, il ne saurait quoi chercher. De plus, les recherches de l’historien ne lui donnent pas directement les réponses : c’est à lui de les construire, de les créer, à partir de ses interprétations. Ainsi, l’historien doit créer l’histoire et l’interpréter, tout en étant influencé par son hypothèse de départ. Il n’est donc pas objectif.

En somme, à la lumière du raisonnement de ces deux auteurs, un cours d’histoire nationale au cégep ne pourrait être objectif. Il sera toujours teinté par l’orientation de celui qui a conçu le programme ainsi que par l’orientation de l’enseignant qui offrira le cours.

 

Source : JOURNET, Paul. « L’histoire obligatoire au cégep, propose Duchesne », La Presse, [en ligne], http://www.lapresse.ca/actualites/education/201305/07/01-4648534-lhistoire-obligatoire-au-cegep-propose-duchesne.php (consultée le 16/05/2013).

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