Oeuvre visuelle: Les piliers de la société

 

Les piliers de la société

La toile Les piliers de la société a été réalisée en 1926 par le peintre allemand Georg Grosz. Le médium utilisé est l’huile sur toile. La grandeur de cette œuvre est de 200xm par 108 cm. Elle est aujourd’hui conservée à la Nationalgalerie à Berlin.

Georg Grosz fait partie du courant artistique nommé l’expressionnisme. Le but des peintres expressionnistes est avant tout de dénoncer et de changer la réalité de leur époque. Entre autres, ils s’opposent au développement industriel ainsi qu’aux conditions de vie misérables du prolétariat, entassé dans les quartiers ouvriers des villes. Leur art sert notamment à faire une réflexion sur la vie, la précarité de l’existence et le tragique de la condition humaine. D’ailleurs, la critique sociale des expressionnistes s’intensifie davantage après la Première Guerre mondiale, qui les aura profondément marqués. L’armée, la guerre et la violence devient alors une source d’inspiration première pour ces artistes.  Dans cette optique, les peintres expressionnistes illustrent souvent le sujet de l’humanité, présentée sous un jour dérisoire et pathétique.

L’œuvre Les piliers de la société s’inscrit très bien dans le courant expressionniste. Sur le plan formel, la touche de l’artiste est très visible. En effet, Grosz ne tente pas d’effacer les traits de son pinceau. Au contraire, la pâte de cette toile est très épaisse. Ensuite, les couleurs utilisées sont contrastées : le jaune, le rouge et le noir sont mis en relief. Ces caractéristiques formelles, typiques de l’expressionnisme, permettent d’ajouter à la toile un contenu tragique. L’artiste, avec sa touche apparente et ses couleurs contrastées, arrive à exprimer ses sentiments au travers de la toile. Ainsi, la violence des traits de Grosz dans  Les piliers de la société, illustre la haine de l’artiste pour les classes dominantes de son époque.

Sur le plan iconographique, Grosz critique l’élite de sa société. En effet, il présente de manière caricaturale trois hommes d’affaire, un membre du clergé ainsi que des soldats. Pour lui, ce sont ces classes dominantes qui ont été la cause de la Première Guerre mondiale, ainsi que des souffrances qu’elle a apportées. Grosz exprime d’ailleurs sa haine pour cette élite en présentant les personnages de manière peu flatteuse.  D’une part, les bourgeois sont présentés la tête vide, ou pleine d’excréments. D’autre part, le prêtre est illustré le nez et les joues rouges, comme s’il venait de prendre un verre. Finalement, les soldats sont dessinés avec des visages en colère, comme s’ils étaient prêts à se battre à n’importe quel moment. Grosz fait aussi une critique du nazisme qui était, à cette époque, en pleine montée. En effet, le personnage de l’avant plan porte une croix gammée sur sa cravate.

En somme, la toile Les piliers de la société de Georg Grosz est une toile qui s’inscrit dans le courant expressionniste, tant par ses caractéristiques formelles qu’iconographiques. En effet, grâce aux traits apparents de l’artiste et par les personnages présentés de manière caricaturale, Grosz fait une critique de l’Allemagne des années 1920. Il pointe du doigt l’élite, en les illustrant comme la cause de la violence de la Première Guerre mondiale. Par ailleurs, il anticipe les horreurs que produira le nazisme.

 

 

Analyse d’une chanson: Aux armes etcetera

En 1979, Serge Gainsbourg composait et enregistrait une (autre) chanson qui fera scandale en France. Il s’agit de Aux armes etcetera, une adaptation provocatrice de La Marseillaise. En effet, dans cette pièce, les paroles de La Marseillaise sont chantées par Gainsbourg sur un air reggae joué par des musiciens jamaïcains. De plus, le refrain est simplifié à seulement quelques mots : « Aux armes, etcetera » est répété plusieurs fois par des chanteuses reggae.

D’un côté, la chanson deviendra vite populaire, et Gainsbourg vendra plus de 100 000 exemplaires de l’album en un mois. Plusieurs postes de radio et de télévision accorderont des entrevues à l’artiste, ce qui accélérera la popularité de l’œuvre. D’un autre côté, la chanson sera très critiquée par les conservateurs et par l’armée. D’ailleurs, l’union nationale des parachutistes tentera d’empêcher la vente de l’album à Marseille. Aussi, lors d’un spectacle où il est menacé, Gainsbourg répond à ses adversaires en chantant seul sur scène, a capella, la vraie version de La Marseillaise. Ainsi, c’est une véritable polémique qui entoure Aux armes etcetera en 1979; tandis que certains acclament la chanson, d’autres la critiquent violemment. Mais en quoi cette œuvre est-elle scandaleuse?

Tout d’abord, Gainsbourg s’attaque à quelque chose de sacré. En effet, la fierté nationale en France, dans les années 1970, est encore très forte et l’hymne national est un intouchable. Cette dernière rappelle la naissance de la République et porte en elle une partie de la tradition française. Ainsi, en caricaturant La Marseillaise, Gainsbourg se moque de la nation française en entier. De plus, La Marseillaise est représentative de la culture française. Elle est l’emblème de la France, et d’aucun autre pays. Ainsi, ajouter un air jamaïcain à l’hymne national le dénature, en lui donnant un air international. Ce mélange de culture en choquera plus d’un. Pour eux, La Marseillaise doit rester française.

De plus, la chanson est considérée comme scandaleuse puisqu’elle modifie une œuvre intouchable, en coupant une partie du refrain. Mais pourquoi Serge Gainsbourg a-t-il fait ce choix? En fait, l’artiste a supprimé les paroles les plus violentes de La Marseillaise : « Marchons, marchons / Qu’un sang impur / Abreuve nos sillons ». Aussi, le refrain, qui est habituellement chanté par un chœur d’hommes, en plutôt interprété par des femmes, et ce, dans un registre très haut. Ainsi, Gainsbourg cherchait peut-être à rendre l’hymne moins agressif et plus pacifique.

Finalement, s’attaquer à l’hymne national est toujours scandaleux en France. D’ailleurs, depuis 2003, l’outrage à l’hymne national ou au drapeau français est considéré comme un délit, et celui qui est reconnu coupable est passible de six mois d’emprisonnement.

 

Source : FRANCFORT, Didier « La Marseillaise de Serge Gainsbourg », Carin, [en ligne] http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-1-page-27.htm (consulté le 16/05/2013).

 

 

Actualité: cours d’histoire au cégep

Le 7 mai dernier, le ministre de l’éducation, Pierre Duchesne, proposait l’ajout d’un nouveau cours obligatoire dans la formation générale collégiale. Il s’agirait d’un cours d’histoire, plus précisément d’histoire nationale.  Ce cours aurait comme but la réalisation d’analyses plus larges concernant des évènements historiques de la nation canadienne et québécoise. Par exemple, le cours pourrait aborder les rébellions des Patriotes, en les mettant en lien avec les rébellions en Amérique latine. Le ministre affirme aussi qu’il ne s’agit pas d’une tentative de propagande. Dans cette optique, il serait important de se questionner sur la possibilité de faire une histoire nationale de manière objective.

Présentement, la tendance est de croire qu’il est possible de donner un cours d’histoire de manière objective, en variant ses sources et en rapportant beaucoup de faits. Toutefois, certains philosophes de l’histoire s’opposent à ce principe.

Par exemple, Kyoré est un philosophe et historien des sciences de la première moitié du XXe siècle. Français d’origine russe, il naît en 1892 et meurt en 1964. Selon Kyoré, l’histoire ne peut pas être une science objective. Tout d’abord, l’histoire ne peut être vérifiée de manière expérimentale comme la physique ou la chimie. Ensuite, son objet étude est en perpétuel changement, puisqu’il est impossible de faire cesser le cours de l’histoire. Finalement, l’historien ne peut être complètement objectif puisqu’il doit toujours interpréter les évènements. Ainsi, selon Kyoré, l’histoire n’est pas une science complètement objective, et elle sera toujours légèrement influencée par le nationalisme.

Dans un même ordre d’idée, l’historien français Febvre (1878-1856) affirme que le travail de l’historien n’est pas objectif, puisqu’il sera toujours influencé par son hypothèse de travail. En effet, selon lui, c’est à partir d’une hypothèse que l’historien peut commencer ses recherches, puisque sans hypothèse, il ne saurait quoi chercher. De plus, les recherches de l’historien ne lui donnent pas directement les réponses : c’est à lui de les construire, de les créer, à partir de ses interprétations. Ainsi, l’historien doit créer l’histoire et l’interpréter, tout en étant influencé par son hypothèse de départ. Il n’est donc pas objectif.

En somme, à la lumière du raisonnement de ces deux auteurs, un cours d’histoire nationale au cégep ne pourrait être objectif. Il sera toujours teinté par l’orientation de celui qui a conçu le programme ainsi que par l’orientation de l’enseignant qui offrira le cours.

 

Source : JOURNET, Paul. « L’histoire obligatoire au cégep, propose Duchesne », La Presse, [en ligne], http://www.lapresse.ca/actualites/education/201305/07/01-4648534-lhistoire-obligatoire-au-cegep-propose-duchesne.php (consultée le 16/05/2013).

Orange mécanique

 

Dans le film Orange mécanique, les pensées de certains philosophes sont illustrées à l’aide du personnage d’Alex. Entre autres, le réalisateur en arrive à faire, grâce à ce personnage, une synthèse de la philosophie de Rousseau et de celle de Hobbes. D’un côté, Hobbes croit qu’à l’État de nature, « L’homme est un loup pour l’homme ». Pour lui, les humains sont essentiellement des êtres insociables et égoïstes. S’ils forment une société, c’est par « accident ». En effet, pour Hobbes, les hommes s’unissent parce qu’ils ont peur de mourir : c’est à cause de l’instinct de survie qu’ils forment une société. Toutefois, Hobbes croit que cette société peut leur permettre de s’améliorer. En effet, il préconise un « contrat social » dans lequel les hommes remettraient à l’État certains de leurs droits naturels. Ce contrat permettrait une meilleure harmonie entre les hommes. Alex symbolise cette idée puisque, dans son état naturel, il est cruel et pervers. Il bat sans remord un vieillard, et il commet un viol. Par ailleurs, grâce au système pénal et à la thérapie qu’il suit, ses instincts violents sont réprimés pour un certain moment.

D’un autre côté, Alex représente l’idée de Rousseau, selon laquelle l’homme est naturellement ni bon ni mauvais, mais que la société arrive à le pervertir. En effet, Rousseau croit que tous les hommes sont naturellement libres, égaux et plutôt solitaires. S’ils s’unissent, c’est par hasard, par exemple pour affronter un désastre naturel. Cependant, une fois en groupe, les hommes deviennent inégaux : certains prennent le pouvoir et les autres deviennent soumis. Pour Rousseau, c’est à ce moment que l’homme est perverti. Il développe l’amour propre, la jalousie et sera prêt à utiliser la violence pour dominer les autres. Ainsi, ce philosophe propose lui aussi un contrat social, dans lequel tous s’engagent à demeurer égaux et à respecter la liberté d’autrui. Le contrat social de Rousseau permet aux hommes de conserver les points positifs de l’État de nature, tout en restant en société. Dans Orange mécanique, Alex est perverti, d’une certaine manière, par la société. En effet, bien qu’il ne fût pas particulièrement « bon » au début du film, son traitement le rend aliéné. S’il n’est plus attiré par la violence, ce n’est pas par choix : c’est parce qu’il a été conditionné ainsi. De cette manière, il ne possède plus de libre-arbitre. Ses choix sont entièrement déterminés.

En somme, le film Orange mécanique unit deux philosophies qui s’opposent : celle de Hobbes et celle de Rousseau. En fait, le personnage Alex représente le côté pessimiste de ces deux pensées.

1984, par George Orwell

 

Au cours du semestre d’hiver j’ai lu le célèbre roman de George Orwell 1984. Ce roman de science-fiction, publié en 1949, présente le monde sous l’angle d’une dystopie, c’est-à-dire une présentation du pire des mondes.

En bref, il s’agit de l’histoire de Winston Smith, un homme de 39 ans qui travaille pour l’état de l’Océania. Cet État est entièrement totalitaire : la liberté d’expression est interdite, les citoyens sont surveillés en permanence par des télécrans qui filment leur moindre geste et le gouvernement procède à des purges pour éliminer les citoyens qui se rebellent. Au sommet de cet État se trouve Big Brother, une figure presque divine pour les citoyens de l’Océania. Au début du roman, Winston Smith prend conscience de l’inhumanité de Big Brother. Il cherche donc à se révolter contre lui. Il rencontre alors Julia, une jeune fille qui s’oppose elle aussi à l’État. Ensemble, ils tentent de se révolter, notamment se joignant à la Fraternité, un groupe qui complote contre Big Brother. Cependant, Julia et Winston sont très vite arrêtés par la police. Ils sont alors torturés physiquement et psychologiquement, durant des semaines, jusqu’à ce qu’ils abandonnent leurs convictions. Winston finit par croire que tout ce qui provient de Big Brother est vrai. Il en arrive même à conclure que 2+2=5, puisque c’est ce que le gouvernement lui dit de croire. Après avoir été libéré quelques temps, Winston finit par se faire purger, d’une balle dans le dos, comme tous les autres criminels politiques.

 

Dans ce roman, une quantité incroyable de symboles et de métaphores sont utilisées. Tout d’abord, l’État décrit dans ce livre est inspiré de l’URSS et de l’Allemagne nazie. En effet, on y présente un régime politique qui se veut communiste et égalitaire. Toutefois, une fois arrivé au pouvoir, le gouvernement de l’Océania s’est empressé de recréer des classes sociales et d’exploiter une partie de la population. De plus, comme dans le nazisme ou le stalinisme, l’État surveille de très près les citoyens, et se permet même d’éliminer ceux qui lui nuisent. Ainsi, en présentant l’Océania comme le pire des mondes, George Orwell fait une critique du nazisme et du communisme totalitaires.

Par la suite, la figure de Big Brother peut symboliser le dictateur. En effet, autour de lui est créé un mythe, presque une religion, afin que les gens l’adulent et lui obéisse inconsciemment. On fait de lui un héro, sans qui le pays ne pourrait fonctionner. On peut facilement comparer Big Brother au dictateur du XXe et XIXe siècle, comme Kim Jung Il ou Staline. En effet, autour de ces hommes était aussi cultivée l’idolâtrie. Par ailleurs, Big Brother peut aussi symboliser l’intrusion du gouvernement dans la vie privée des gens. En effet, la célèbre phrase « Big Brother is watching you » peut être mise en lien avec les surveillances caméras dont disposent aujourd’hui les commerces et les forces policières.

Finalement, il est possible de faire un lien entre 1984 et la pensée du philosophe Derrida. En effet, dans ce roman, l’Océania a inventé un nouveau langage nommé la novlangue. Cette dernière vise à éliminer des mots et des concepts du langage courant, afin d’éviter que les gens puissent se corrompre en pensant à ces concepts.  Par exemple, les mots sont ont à la fois une connotation péjorative et méliorative. Ainsi, il est impossible de dire du mal du gouvernement. La novlangue rejoint la vision de Derrida selon laquelle le langage influence la pensée. En effet, pour ce philosophe, aucune langue ne peut être neutre, puisque derrière les mots se cache toujours une connotation. Par exemple, pour Derrida le mot « cuisinière » a une connotation plus péjorative que le mot « cuisinier », qui fait penser à un grand chef. De cette manière, l’invention de la novlangue de George Orwell serait une véritable manière d’influencer la pensée des gens.

 

 

Conférence de Denyse Baillargeon

Le mercredi 6 mars 2013 s’est tenue, au théâtre du cegep de Trois-Rivières, une conférence de Denyse Baillargeon sur l’histoire du féminisme contemporain au Québec. Au cours de cette présentation, madame Baillargeon a retracé les évènements qui ont marqué le féminisme de 1960 à aujourd’hui. Tout d’abord, l’historienne a traité du contexte de réapparition du féminisme dans les années 60. Selon elle, parmi les causes de cette renaissance figurent l’apparition des femmes mariées dans le milieu du travail, l’éducation plus longue des femmes, le front intérieur féminin durant la Seconde Guerre mondiale ainsi que les luttes des mères dans les commissions scolaires. S’ajoute à ces causes le contexte contestataire de la décennie, avec les revendications des étudiants, des noirs, des homosexuels, etc.

Dans la seconde partie de la présentation, Mme Baillargeon a exposé les différents mouvements féministes et leurs principales actions. Entre autres, elle a distingué deux groupes. D’un côté, les féministes modérées, ou réformistes, désirent obtenir l’égalité entre les sexes par les lois et les réformes. Elles regroupent la fédération des femmes du Québec (FFQ) et l’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFEAS). Ce groupe a notamment lutté pour la création de la commission Bird, qui s’est déroulée de 1967 à 1970, et qui avait pour but de documenter la condition des femmes au Québec. De l’autre côté, les féministes radicales préconisent la désobéissance civile  pour arriver à leurs fins. Ces dernières sont principalement des jeunes femmes, qui se sont regroupées en petits groupes dans les années 1960 et 1970. Denyse Baillargeon rappelle que ces types de féminismes se sont rapprochés au fil du temps.

 

Dans la troisième partie de la présentation, la conférencière a abordé les liens qui unissent le nationalisme au féminisme. Pour elle, il s’agit d’une relation amour-haine qui unit ces deux mouvements de pensée. D’un côté, les nationalistes sont souvent pour la modernisation et la création de programmes sociaux, ce qui les rapproche du féminisme. Avec la libération du Québec, vient la libération des femmes. Toutefois, certains nationalistes ont dénoncé les femmes comme responsables du « retard » politique et social du Québec. Par ailleurs, lors du référendum de 1980, les « Yvettes », c’est-à-dire les femmes plus traditionnelles que l’on avait ridiculisées, ont largement contribué au camp du non. De cette manière, pour Denyse Baillargeon, féminisme et nationalisme ne vont pas toujours de pair.

Pour conclure, la conférencière a traité des différents conflits qui opposaient les féministes d’aujourd’hui. Parmi ceux-ci, les accommodements raisonnables comme le port du voile, la prostitution et l’hyper-sexualisation sont des sujets qui portent à débat.

Suite à cette conférence, je me suis questionnée sur le rôle du féminisme dans l’image de la femme aujourd’hui. En effet, avec la pornographie de plus en plus disponible, les vedettes en tenues toujours plus provocantes et l’hyper-sexualisation des jeunes filles, la femme d’aujourd’hui est souvent présentée comme un objet sexuel. Par ailleurs, les standards de beauté sont toujours de plus en plus grands: il suffit de constater la quantité de produits cosmétiques vendus pour elles dans les pharmacies. Dans cette optique, peut-on dire que les féministes ont vraiment proposé une solution au fameux « sois belle et tais-toi»? Au contraire, les revendications pour la libéralisation des corps et de la sexualité féminine n’ont-elles pas eu des effets secondaires néfastes, en participant à l’hyper-sexualisation de notre culture? Selon moi, les féministes d’aujourd’hui devraient se pencher davantage sur la problématique de l’image féminine, souvent dégradante, que véhicule notre société.

 

 

Conférence de Léo-Paul Lauzon

Le 6 février dernier, j’ai assisté à la conférence de Léo-Paul Lauzon sur la répartition des richesses, au cégep de Trois-Rivières.  Durant sa présentation, M. Lauzon tentait de répondre à la question : pourquoi, dans une société riche comme la nôtre, les richesses sont-elles si mal réparties?

D’abord,  le thème du néolibéralisme a été abordé durant la première heure. Pour Monsieur Lauzon, il s’agit d’une des raisons de la mauvaise répartition des richesses. En effet, cette doctrine économique a comme principe de diminuer les impôts et laisser le marché libre aux entreprises. De cette manière, les entreprises seraient sensées produire plus de richesses, qui profiteraient à tous. Toutefois, à l’aide d’exemples concrets, tirés de journaux,  M. Lauzon a démontré que ce n’est pas le cas. En effet, comment peut-on expliquer que, même si les profits de certaines compagnies augmentent, des centaines de mises-à-pied sont faites? Cela nous amène à nous interroger si vraiment tous profitent du néolibéralisme. Pour Monsieur Lauzon, il est clair que ce type d’économie ne profite qu’aux grandes entreprises.

Ensuite, le thème des paradis fiscaux a été abordé plus légèrement. Monsieur Lauzon a montré l’absurdité de ces paradis. Par exemple, dans certains paradis fiscaux, il y a jusqu’à huit comptes en banques par habitant. De plus, le conférencier a suggéré des moyens pour stopper ces paradis, sans nuire à la souveraineté de ces derniers. Par exemple, l’union européenne pourrait empêcher Andorre d’utiliser l’euro. Ce petit paradis fiscal ne survivrait certainement pas avec une monnaie différente. Pour monsieur Lauzon, il serait très facile d’empêcher les pertes de richesses causées par les paradis fiscaux. Selon lui, il faudrait simplement que les gouvernements soient fermes à ce sujet.

 

Semaine de la philo – Conférence d’Yvon Corbeil

Le 19 février, s’est tenue, au théâtre du cégep de Trois-Rivières, une conférence d’Yvon Corbeil. Au cours de celle-ci, ce professeur de philosophie a tenté de répondre à la question suivante : à quoi sert l’éducation?

Avant d’aborder le sujet en tant que tel, le conférencier a tout d’abord réfléchi sur ce qu’est un homme, afin de savoir ce en quoi son éducation devrait consister. Quelques définitions ont alors été proposées : la première consistait à définir l’homme selon des disciplines particulières (politique, économie, etc.), la seconde selon des valeurs importantes à notre société (la nature, le relativisme des valeurs et l’assistance aux faibles). Finalement, Yvon Corbeil s’est arrêté sur une définition dans laquelle c’est la culture qui distingue l’homme des autres animaux. Pour lui, la culture implique une réflexion qui va à l’encontre des instincts naturels. Celle-ci permet la liberté, puisqu’elle implique une possibilité de faire des choix.

Ensuite, le conférencier a émis la thèse selon laquelle l’homme a besoin d’éducation, puisqu’il peut faire des choix qui vont contre ses nécessités naturelles. Ainsi, monsieur Corbeil écarte la thèse de Rousseau selon laquelle l’éducation ne sert qu’à l’apprentissage d’un métier. Selon lui, l’histoire nous prouve le contraire : de l’Antiquité jusqu’au XVIIe siècle, l’éducation servait à étudier des domaines comme la philosophie ou la politique. De cette manière, l’éducation doit plutôt apprendre à l’homme quoi faire des valeurs, puisque ni l’instinct, ni la rationalité pure (logique et mathématique) ne peuvent nous éclairer à leur sujet. 

Par après, Yvon Corbeil a expliqué que l’éducation moderne est organisée par l’État parce que nous vivons dans un monde plus complexe. Toutefois, pour M. Corbeil, cette éducation ne remplit pas son rôle fondamental. En effet, au lieu d’enseigner ce que sont les valeurs, l’école enseigne des valeurs particulières comme l’efficacité, ou la réussite. Cette transmission de valeurs toutes faites sert, entre autres, à protéger la société contre des valeurs qui pourraient lui nuire.

Finalement, Monsieur Corbeil a présenté la manière dont une éducation véritable pourrait se faire. Selon lui, elle ne peut être faite par ni les sciences naturelles, ni par les humanités lorsqu’elles se désignent comme étant des « sciences humaines ». Pour Yvon Corbeil, la solution se trouve dans la formation générale. En effet, les cours comme la philosophie, la littérature, l’histoire et l’art permettent que les individus développent une réflexion sur les valeurs. Leur éducation est alors assurée. Pour le conférencier, la formation générale devrait être bien plus vaste, et nécessiterait de s’étendre du secondaire, jusqu’à la maîtrise.

Cette conférence a été réussie sur le plan du contenu. L’argumentaire était bien développé, étape par étape, ce qui amenait tranquillement le spectateur à adhérer à la thèse principale. Par exemple, lorsqu’on accepte la définition de l’homme selon M. Corbeil, il est difficile de contredire sa vision de l’éducation, puisqu’elles vont toutes deux ensembles. Par contre, je crois que le sujet de l’homme a pris trop de place, et que l’éducation en tant que telle aurait dû être abordée plus longuement. Par exemple, des solutions plus concrètes auraient pu être proposées pour améliorer l’éducation québécoise.

Pour ma part, je suis en accord avec la thèse de M. Corbeil. Selon moi, l’éducation ne doit pas servir d’abord à trouver un métier, mais plutôt à devenir un meilleur citoyen. En effet, comme le conférencier le mentionnait dans sa conférence, il est très réducteur de percevoir l’éducation comme l’apprentissage de ce qui est nécessaire à la survie, c’est-à-dire à l’apprentissage d’un métier. De plus, cette vision utilitaire de l’école mène trop souvent à la marchandisation du savoir. En effet, avec une telle perception de l’éducation, on cherche à la rentabiliser et à l’inclure dans l’économie d’un pays. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que ce type d’éducation soit largement promulgué par les politiciens néolibéraux qui parlent de l’étude comme d’un « investissement personnel ». Selon moi, lorsqu’on tente de placer les études comme une composante économique qui doit être rentable, on perd l’essentiel de ce à quoi elles servent.  L’éducation, c’est d’abord et avant tout l’apprentissage de la réflexion et de la pensée critique. La conférence d’Yvon Corbeil défendait très bien cette thèse.

Philosophie et musique

Dans le cadre de la semaine de la philosophie, j’ai assisté à la présentation Musique et Philosophie dans laquelle cinq chansons ont été mises en relation avec la pensée de philosophes. Il s’agit de « Society » d’Eddie Vadder, de « Tel un seul homme » de Pierre Lapointe, du «Déserteur » de Boris Vian, de « Vivre debout » de Jacques Brel ainsi que de « Jailhouse rock » d’Elvis Presley.  Parmi ces chansons, j’aimerais analyser plus en profondeur « Le déserteur. »

Tout d’abord, il est important de connaître le contexte historique de cette œuvre. « Le déserteur » est une chanson antimilitariste écrite en 1954, dans le contexte de la guerre de l’Indochine.  À l’époque, en France, de nombreux jeunes s’opposaient à cette guerre, et refusaient la conscription.  Lors de sa sortie, l’œuvre de Boris Vian a été censurée par le gouvernement, et elle fut interdite jusqu’en 1962.

Cette chanson peut être facilement mise en lien avec le concept de désobéissance civile, développé par Henry David Thoreau. En effet, dans son œuvre De la désobéissance civile, ce philosophe du XIXe siècle propose aux individus de refuser d’obéir aux lois qu’ils jugent injustes. De cette manière, Thoreau oppose les lois et l’obéissance, à la conscience et la à morale individuelle. Pour lui, les lois peuvent devenir une aliénation, puisqu’à cause d’elles, les hommes ne réfléchissent plus à ce qui est bon, et à ce qui ne l’est pas. Pour Thoreau, la désobéissance civile doit respecter trois règles. Premièrement, elle doit être publique, c’est-à-dire qu’elle doit être faite ouvertement. Ensuite, elle doit être pacifique et non-violente. Finalement elle doit être une action conséquente, c’est-à-dire qu’il faut accepter les conséquences qu’elle entraîne, même si il s’agit d’amendes ou d’emprisonnement.

La chanson « Le déserteur » remplit tous les aspects de la désobéissance civile. En effet, on y présente un homme qui choisit de ne pas faire son service militaire obligatoire, puisqu’il trouve la guerre et la violence immorale. Ainsi, il refuse d’obéir à un ordre qu’il juge non-éthique. De plus, dans cette œuvre, la désobéissance civile est faite de manière publique. Une lettre au président est même écrite pour expliquer le geste : « Il faut que je vous dise, ma décision est prise, je m´en vais déserter ». Ensuite, les actions commises par le personnage du « Déserteur » sont non violentes : « Prévenez vos gendarmes que je n´aurai pas d´armes ». Finalement, le personnage est prêt à accepter les conséquences de ses actes. Il dit d’ailleurs qu’il est prêt à mourir pour défendre sa cause : « Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que je n´aurai pas d´armes et qu´ils pourront tirer. »

 http://www.youtube.com/watch?v=gjndTXyk3mw