Analyse d’une chanson: Aux armes etcetera

En 1979, Serge Gainsbourg composait et enregistrait une (autre) chanson qui fera scandale en France. Il s’agit de Aux armes etcetera, une adaptation provocatrice de La Marseillaise. En effet, dans cette pièce, les paroles de La Marseillaise sont chantées par Gainsbourg sur un air reggae joué par des musiciens jamaïcains. De plus, le refrain est simplifié à seulement quelques mots : « Aux armes, etcetera » est répété plusieurs fois par des chanteuses reggae.

D’un côté, la chanson deviendra vite populaire, et Gainsbourg vendra plus de 100 000 exemplaires de l’album en un mois. Plusieurs postes de radio et de télévision accorderont des entrevues à l’artiste, ce qui accélérera la popularité de l’œuvre. D’un autre côté, la chanson sera très critiquée par les conservateurs et par l’armée. D’ailleurs, l’union nationale des parachutistes tentera d’empêcher la vente de l’album à Marseille. Aussi, lors d’un spectacle où il est menacé, Gainsbourg répond à ses adversaires en chantant seul sur scène, a capella, la vraie version de La Marseillaise. Ainsi, c’est une véritable polémique qui entoure Aux armes etcetera en 1979; tandis que certains acclament la chanson, d’autres la critiquent violemment. Mais en quoi cette œuvre est-elle scandaleuse?

Tout d’abord, Gainsbourg s’attaque à quelque chose de sacré. En effet, la fierté nationale en France, dans les années 1970, est encore très forte et l’hymne national est un intouchable. Cette dernière rappelle la naissance de la République et porte en elle une partie de la tradition française. Ainsi, en caricaturant La Marseillaise, Gainsbourg se moque de la nation française en entier. De plus, La Marseillaise est représentative de la culture française. Elle est l’emblème de la France, et d’aucun autre pays. Ainsi, ajouter un air jamaïcain à l’hymne national le dénature, en lui donnant un air international. Ce mélange de culture en choquera plus d’un. Pour eux, La Marseillaise doit rester française.

De plus, la chanson est considérée comme scandaleuse puisqu’elle modifie une œuvre intouchable, en coupant une partie du refrain. Mais pourquoi Serge Gainsbourg a-t-il fait ce choix? En fait, l’artiste a supprimé les paroles les plus violentes de La Marseillaise : « Marchons, marchons / Qu’un sang impur / Abreuve nos sillons ». Aussi, le refrain, qui est habituellement chanté par un chœur d’hommes, en plutôt interprété par des femmes, et ce, dans un registre très haut. Ainsi, Gainsbourg cherchait peut-être à rendre l’hymne moins agressif et plus pacifique.

Finalement, s’attaquer à l’hymne national est toujours scandaleux en France. D’ailleurs, depuis 2003, l’outrage à l’hymne national ou au drapeau français est considéré comme un délit, et celui qui est reconnu coupable est passible de six mois d’emprisonnement.

 

Source : FRANCFORT, Didier « La Marseillaise de Serge Gainsbourg », Carin, [en ligne] http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-1-page-27.htm (consulté le 16/05/2013).

 

 

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